3 février 1822 …

Que s’est-il passé ce jour-là ?

C’est un dimanche soir à Bordeaux. Et comme tous les dimanches soirs, il y a une bénédiction du Saint-Sacrement dans la communauté de la Sainte-Famille.

Cette communauté a été fondée il y a tout juste 18 mois par l’Abbé  Pierre Bienvenu Noailles, vicaire de la paroisse Sainte Eulalie. Cela soulève bien des incompréhensions : un prêtre si jeune, il n’a que 26 ans, qui réunit dans ce quartier de Bordeaux quelques femmes ; des chrétiens de tout bord qui s’organisent « pour honorer et imiter la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph », quelques orphelines pauvres recueillies …. Cela ne manque pas de heurter certains esprits.

De sérieuses difficultés pointant. La supérieure, qui est aussi la sœur aînée du Fondateur, demande chaque jour dans sa prière,  un signe qui confirmerait que l’œuvre naissante est bien voulue par Dieu.

Chaque dimanche, l’abbé Noailles a l’habitude de donner la bénédiction du Saint-Sacrement dans la chapelle des Sœurs, rue Mazarin, en présence des gens du quartier.

Or, ce 3 février, alors que l’abbé Noailles est retenu par son ministère à la paroisse Saint Eulalie, un fait prodigieux se réalise : une Bénédiction miraculeuse …  Un miracle eucharistique !

L’abbé Delort, son confrère qui le remplace, expose comme de coutume, le Saint-Sacrement dans l’ostensoir.

Pendant 20 minutes les personnes présentes peuvent contempler , se substituant à l’hostie exposée pour l’Adoration, le buste d’un homme jeune, au visage lumineux, très beau, vêtu de blanc et portant une écharpe rouge en sautoir.  La main gauche est appuyée sur le cœur, la main droite est élevée pour bénir.

«Je le vis lui-même au milieu du cercle qui lui servait de cadre comme un portrait peint en buste, avec cette différence que la personne paraissait vivante »  l’abbé Delort

«J’eus l’assurance intime que c’était Jésus-Christ lui-même qui se montrait à mes yeux et qui parlait à mon cœur » déclare Mademoiselle Eulalie Lagrange.

Tandis que la plupart des assistants contemplent l’apparition miraculeuse, une novice, Milady Peychaud, saisie d’un profond recueillement, courbe la tête, ferme les yeux, à l’écoute d’une voix intérieure et entend à plusieurs reprises ces paroles:

« Je suis Celui qui suis  »

qui confirment l’esprit de la Famille spirituelle, l’esprit de Dieu Seul, dès les commencements ;

Quant à la Supérieure de la communauté, Trinité Noailles, elle termine sa déclaration par  ces mots :

« J’atteste toutes ces choses en présence de Jésus, Marie et Joseph, afin que nos sœurs conservent le souvenir d’une si grande faveur, (…) bien persuadées que Notre Seigneur est toujours avec nous… »

Très vite la Bénédiction miraculeuse est reconnue officiellement par l’Eglise.

La bénédiction du 3 février provoque une réelle expansion de la Famille spirituelle qui se développe rapidement ..